La peau

ADREL
4 mai 2020

Apparition du symbole dans les rêves :

Remarques : Tous les rêves concernés présentent une structure homogène, les images et les idées s’enchaînent avec une grande cohérence et avec une tonalité philosophique et même métaphysique. La profondeur de réflexion est manifeste – ces séances sont très dispersées dans les cures (de la 1ière à la 26ème séance !).

Monique : « je suis à proximité de ce boa, je me colle à lui, peut-être même que je suis à l’intérieur de ce boa… Un corps qui occupe un très grand espace… Je ne sais pas vers où aller… je suis figée »

Catherine : « … j’ai des oiseaux sur les bras… ils s’envolent ensemble et ils prennent ma peau dans leurs pattes, c’est comme une mue de serpent… tout l’environnement est figé… le courant de l’eau est très fin, je le sens juste avec ma peau… »

Nathalie : « … c’est comme si j’étais à l’intérieur de mon propre corps… les intestins me font mal, comme si j’étais sous ma peau… j’ai envie de régresser jusqu’avant d’être dans le ventre de ma mère, propulsée à l’extérieur, à reculons, jusqu’à l’être informe encore ! »

Josiane : « … c’est un joli bleu, bleu outre-mer… je pense « outre-mère »!… je visualise un corps idéal… c’est peut-être mon anima qui est en train de chercher un corps qui lui convienne ? Un enfant qui naît, c’est un être très complet qui se met dans cette peau ! Il sait tout ce qu’il sera et en même temps il doit tout apprendre… mon corps se dilate… je deviens l’infini, je n’ai plus de limite, plus de peau, c’est l’univers du tout-possible, c’est la liberté… »

Laurence (enceinte de 2 mois) : « … Le sable chaud me masse, me purifie… je secoue mon corps et j’ai une nouvelle peau… là, je suis dans la mer… j’ai l’impression de sentir le bébé dans mon ventre… il est bien, tranquille… »

Pierre (18 ans) : « … J’aime le bois, les arbres, l’écorce est la peau de l’arbre ! mais la pierre aussi ça vit ! Autrement ! Ça a traversé les siècles… moi, j’aimerais bien avoir été et être là depuis et pour toujours »

Daniel : « Le petit garçon devient un elfe… quelqu’un qui ne va pas se laisser arrêter par les cloisons… Le vieux corps est parti mais je ne sais pas quelle forme je vais pouvoir prendre, je ne sais pas comment je vais m’incarner… mais c’est pas la question du moment, ce qui compte, là, c’est la mue, la peau jetée dans le gouffre… voilà : je suis partout à la fois, je suis tout à la fois, je ne me représente pas… voilà ! »

Jean-Pierre : « Les peaux des caravaniers sont douces, dorées, comme couvertes d’or… le Temps ne compte pas, comme si on avait l’éternité pour faire quelque chose… Idée de couper la peau d’un bébé au rasoir ! J’ai peur de ces impulsions… la peau ! Je pense « intérieur-extérieur »

Rémy – : « Une statue vide à l’intérieur – on ne voit que l’extérieur – je me désagrège – »

Philippe : « La mer est comme recouverte d’une peau, elle est devenue assez molle, elle n’est plus dure comme de la glace… elle est agitée d’une respiration régulière, elle monte, elle descend… elle éclate.. dessous, ce n’est pas de l’eau ! C’est le ciel! On voit la voûte céleste, avec les étoiles… »

Chantal : « … Une impression de liberté… en Bretagne : une mer du bout du monde… de l’autre coté c’est l’Amérique et les roches font comme des piques sous la peau. Elles sont là depuis des siècles et ça fait comme des aiguilles qui transpercent la peau mais en venant de l’intérieur… c’est çà que j’aime pas ! Çà va de l’intérieur et çà sort vers l’extérieur, comme si ça déchirait l’eau, la peau quoi ! »

Etienne : « … c’est une libération à tous les niveaux, un mouvement qui part du ventre et qui rayonne dans tout le corps… ça fait longtemps que je pense que la tête est encombrante…. Là, une forêt sans limite, comme l’Amazonie… un peu comme si cette forêt était ma peau… je suis tellement affecté par le déboisement ! (crise de larmes) çà me donne envie de hurler… la forêt-peau, une fabuleuse peau ! »

Rémy : « .. Un arbre qui se vide de l’intérieur – Il n’y a que l’écorce qui le tient droit !… Un sorcier vêtu d’une peau de bête, un mammouth à longs poils pour supporter le froid… un porc-épic, une bestiole avec des piquants, une espèce d’armure avec des piques partout… Les Incas, l’or des Incas, le grand prêtre qui enlève la peau de la jeune vierge du sacrifice pour la revêtir ! Comme offrande au soleil… »

Jacques : « … Ils ne sont pas dangereux ces cactus… je ne sens pas la peur… là, les cactus perdent une peau, la peau qui tient leurs épines… ils sont tout lisses maintenant, comme s’ils étaient déshabillés ! »

Claire : « Une chenille poilue mais douce.. elle n’a ni piquants ni carapace ! »

Pierre : « … L’écorce, c’est la peau de l’arbre, ce qui le protège, la partie rugueuse, que l’on voit, l’écorce quoi ! »

Eléments résumés de traduction:

La peau est une frontière. Comme toutes les frontières, elle protège et invite au franchissement. L’armure est une représentation emphatique de la peau-protection. Elle met à l’abri de la blessure mais elle interdit la caresse. Elle fige !

Dans les scénarios de REL, la peau manifeste clairement son caractère de frontière entre l’intérieur et l’extérieur. Elle exprime un besoin qui dépasse le simple désir d’être « bien dans sa peau » et qui va jusqu’au rêve d’être, aussi, « bien en dehors d’elle » !

La peau délimite le corps, cet habitat matériel de l’âme. Elle donne forme à l’incarnation. Les écailles, les piquants, les rugosités d’une peau expriment à l’évidence une disposition défensive. Ils témoignent d’une intériorisation des énergies, d’un rejet du moi vers lui-même.(ce qui est l’exact opposé de l’amour pris dans le sens de « ce qui porte vers l’autre » l’autre étant le prochain, les êtres, le monde, le mystère…)

Le plus souvent, quand l’imaginaire évoque la peau, c’est pour manifester un impérieux désir de s’affranchir des limites qu’elle impose. Un bon rêveur ose rêver d’une mue qui le délivrerait des frontières du moi, de l’espace intérieur limité qui lui est assigné, pour grandir jusqu’à l’infini. Un rêve dans lequel il n’y a plus de limite entre l’être et l’Être ouvre l’accès à un univers dé-compartimenté. Quand tombent, ne fut-ce qu’un instant, les barrières constituées par les repères spatiaux/temporels du mental, l’être a réalisé pour toujours l’expérience du contact avec la Totalité.

On ne peut refuser l’idée que, pour un rêveur insatisfait de son apparence physique, ce type de manifestation onirique répond également, parfois, à quelque fonction compensatoire !