L’oie

ADREL
4 mai 2020

Apparition du symbole dans les rêves :

Isabelle (IVG imposée, dans des conditions éprouvantes) : « .. L’oie a le cou tendu, elle bat des ailes, très en colère, elle a l’air triste… elle baisse la tête, fatiguée… elle n’a plus de force… je vois le visage d’une petite fille qui regarde vers le haut.. Elle fait comme l’oie tout à l’heure : elle manifeste sa colère, regarde vers le ciel où il y a des empreintes de pas, de pieds nus.. ça fait penser à des empreintes de pieds de bébé… en fait c’est un bébé et deux oies l’emporte vers le haut..; elles ne peuvent pas faire autrement… je ne peux pas continuer.. » (crise de sanglots)

Nathalie (deux IVG , l’une ancienne, l’autre récente) : « .. Là, je vois une foule très en colère, martelant le sol… un petit chérubin dans le ciel, comme dans les peintures… des crécelles tibétaines qui tapent sur les nerfs, c’est très criant… là, je me suis transformée en oie… je m’aplatis par terre pour me protéger… j’ai un long cou, comme les cygnes ou les pélicans… j’ai les pieds palmés et j’ai honte d’être devenue comme çà !. Je suis dans un village abandonné, comme un village du Far-West… je regarde la route, je regarde vers le ciel : tout est vide !… »

Marie : (14 ans lors de l’IVG de sa sœur de 17 ans) : « .. Une fleur de liseron… j’ai tellement grandi que mes pieds pourraient écraser les maisons… je suis allongée sur le dos… une oie laisse tomber une plume sur moi… elle semble me dire que je n’y suis pour rien… j’ai l’impression, là, d’être aspirée, je ne peux pas m’accrocher… je suis aspirée dans un espace vide où rien n’a de poids… l’oie me prend sur son dos et me ramène parmi les gens.. Je revois le liseron du début.. »

Catherine : « .. Je voie une oie blanche dans le ciel… je la regarde.. on dirait qu’il y a des rails à mes pieds qui me permettraient de la regarder sans faire attention au chemin que je prends…/… Là, je marche pieds nus dans l’herbe… idée d’un fœtus… il pleut, j’ai les pieds dans la boue… je vois un arbre carbonisé.. je suis très en colère, je me révolte.. je dois transpercer cette bulle et revenir parmi les autres… »

Roselyne : (IVG relativement récente, à 43 ans) : « .. Je suis sur une oie sauvage… on monte dans le ciel, elle est fatiguée… on traverse des nuages… je prends un bain de nuages… en bas, on voit des villages… mes pieds sont aspirés par le sol… mon oie m’appelle mais elle ne peut plus me porter. Alors, moi, je comprends que je n’ai plus rien à faire dans le ciel, que je suis faite pour la rue, les gens, les maisons… »

Nicolas : (IVG programmée pour l’une de ses sœurs qui y renoncera in extremis) : « .. En fait, ce dragon c’est une oie !.. Mais avec une gueule de crocodile… il allonge son cou… il s’agite… il est très en colère… je monte sur lui… il se calme, son regard est triste… il vomît pour se purger… y a plus rien que la peau, c’est tout vide… je suis aspiré dans le ciel… »

Eléments résumés de traduction :

Dans les Traditions égyptienne et chinoise l’oie est considérée comme une messagère entre le ciel et la terre. La tradition celtique lui confère plus particulièrement le rôle de messagère de l’Autre Monde.

La dynamique de l’imaginaire n’apporte aucun élément susceptible d’infirmer ces propositions. Au contraire, le contenu des rêves éveillés les confirme. Cependant, il n’est pas possible de négliger l’observation selon laquelle ce sont, dans la majorité des cas, les rêves féminins qui proposent les manifestations les plus déterminantes du symbole.

L’oie du rêve est un véhicule qui permet à la rêveuse de voler jusqu’aux rives de l’Autre Monde, souvent pour y retrouver l’envie de reprendre les chemins de la terre ! Plus souvent encore, l’oie, habillée du blanc de la mort, est celle qui emporte dans l’espace, vers le « vide » métaphysique, le fœtus abandonné lors d’une interruption accidentelle ou volontaire de grossesse.

Alors, l’oie du rêve vole dans une atmosphère où la sérénité et la colère se mêlent suivant l’alternance de sentiments contradictoires se rapportant à l’acte d’interruption. Parfois l’acceptation de l’irrémédiable domine, parfois elle est supplantée par l’impulsion de s’associer à la révolte supposée du petit être disparu.

Le long cou de l’oie, ses pattes palmées l’apparente au canard dont on sait qu’il est un des exposants les plus convaincants du sentiment de castration. Toute évocation de la mort d’un fœtus réactive inévitablement les résonances avec ce complexe.